Jean-Claude Guillaumon
Ill (Hommage à Bacon)
1977
Tirages sur papier baryté au gélatino-argentique, contrecollés sur bois
132 x 108 cm
Francis Bacon est un peintre irlandais très connu pour ses représentations violentes de la chair. Le corps de ses figures est souvent décomposé grâce à un travail d’inscription puis d’effacement de la matière picturale qui donne un aspect écorché à ses tableaux. La phrase qu’il emprunte à Cocteau pour décrire ses états d’âme, « Chaque jour dans le miroir je vois la mort à l’œuvre », en dit long sur les questions existentielles qui l’animent lorsqu’il peint. Ill (Hommage à Bacon) de Guillaumon, emprunte sa composition à plusieurs toiles et procédés du maître. D’une part, la chaise sur laquelle le corps de l’artiste s’agite semble faire référence aux portraits par Bacon des papes Innocent X et Pie XII , datant respectivement de 1953 et de 1955. D’autre part, Francis Bacon utilise souvent les triptyques pour figurer l’aspect transitoire des formes dont il s’empare. Guillaumon, quant à lui, associe quatre photographies dans une composition très symétrique où seul le corps semble animé d’un mouvement. Le temps de pose long, choisi par l’artiste pour photographier sa mise en scène, figure les mouvements par le flou et donne une temporalité à l’image. L’assise et la stabilité de la chaise viennent alors contraster avec l’insaisissable évanescence d’un corps en perpétuel mouvement. « Ce jeu de l’instant et de l’éternité 1» est un bel écho au travail du peintre aussi bien formellement que dans sa dimension plus philosophique.
1 Sylvie Lagnier, "Parler des œuvres de Guillaumon, est-ce parler de Guillaumon ?", Artpress n°309, février 2005.