Action Psyché 74

Action Psyché 74 (1974) est un polyptyque de sept photographies couleur qui alterne des images documentant l'action Psyché réalisée à la Galerie Stadler la même année et d'autres représentant des éléments de nature (champ de blé, arbuste de fleurs rouges). Cette performance, comme l'ensemble des actions de Gina Pane, emprunte au rituel dans la précision des gestes et l'enchaînement des différents moments. Ceux-ci étaient du reste précieusement notés et/ou dessinés dans des sortes de storyboards qui tenaient lieu de partition à la performance.

Après avoir sommairement dessiné son visage sur un miroir à l'aide de maquillage, l'artiste s'entaille la peau. Avec une lame de rasoir, elle trace une croix autour de son nombril, et suit le dessin de ses sourcils jusqu'à ce que des larmes de sang coulent sur son visage. Puis elle se couvre les yeux à l'aide d'un bandeau blanc qui ne tarde pas à se tacher de rouge et debout sur une structure métallique, elle adresse un message de gestes à l'assemblée.

En même temps qu'il documente directement l'action, le polyptyque l'articule au champ lexical de la nature (comme champ d'énergie), renvoyant à la dimension cosmologique et symbolique de la pensée de Gina Pane. Action Psyché prolonge et s'ajoute à la performance en réitérant certains symboles par le vis-à-vis d'images. La relation du sang et de la fertilité (figurée par la croix que Gina Pane s'incise sur le ventre lors de sa performance), entre ici en dialogue avec la photographie du champ de blé taché du rouge des coquelicots sauvages.
L'identité féminine est bien évidemment questionnée, et si l'artiste ne s'est jamais revendiquée du mouvement des femmes, l'utilisation de son corps résonne comme une manière de se libérer des forces sociales pour reprendre possession de son identité.