Als der Bruder meiner Mutter geboren wurde, duftete es nach wilden Birnenblüten vor dem braungebrannten Sims

Dès 1986, les thèmes du travail de Pipilotti Rist se révèlent, et l'affirmation de l'identité féminine (autant que son questionnement) devient un motif de premier plan. Parfois celle-ci se donne à lire avec une certaine forme de radicalité, comme pour Als der Bruder meiner Mutter geboren wurde, duftete es nach wilden Birnenblüten vor dem braungebrannten Sims [Quand le frère de ma mère vint au monde, cela sentait la fleur de poirier sauvage devant la corniche brunie] (1992) ou Blutclip (1994), vidéos dans lesquelles on voit respectivement une épisiotomie (sur fond de paysage d'alpages), et une représentation excentrique des jours de menstruation (sur fond d'images cosmiques et de musique rock).

Les vues chirurgicales, filmées au plus précis, s’insèrent au centre de l’image comme un trou noir et «gore» dans les clichés des montagnes et chalets suisses, sur fond de musique trépidante où le chant semble se dérégler peu à peu, ou se faire plus nerveux, au fur et à mesure de l’apparition de la vie. Immuabilité des paysages, dont les vues se rapprochent et se brouillent, et précision clinique de la naissance, qui s’accompagne d’un tremblement de voix.

« Si je transforme les bons côtés du sang en images, déclare l'artiste, je peux par exemple mieux mettre en question une idée reçue comme celle des "jours impurs" que pourrait le faire une étude scientifique car les images trouvent le meilleur passage vers le subconscient, où somnolent les préjugés, et ont de cette manière plus d'effet que les paroles¹. »

¹ Pipilotti Rist, entretien avec Marie de Brugerolle, Documents sur l'art, n° 8, printemps 1996, p. 23.