Michel François
Passage d’eau
1998
Eau, éponge naturelle
Dimensions variables
Pièce unique
Passage d’eau, œuvre qui a été réinstallée par Michel François dans le cadre de Plans d'évasion (Institut d'art contemporain, Villeurbanne, 12 mars - 9 mai 2010), reste très évocatrice de l'univers vivant et minéral de l'artiste. Passage d'eau est une sculpture minérale, un filet d'eau qui s'écoule du plafond pour venir s'écraser au sol en silence, sur une éponge naturelle, qui s'imbibe et répand progressivement son surplus de matière autour d'elle, formant sur le plancher une flaque sombre et silencieuse. L'artiste joue ici avec les qualités sculpturales de l'eau, transformée en « une tige de lumière, un morceau de réalité distordue1 ». Dans Plans d'évasion, l'effet sculptural de l'installation fut renforcé par son observation depuis un trou opéré dans un des murs de l'exposition (Mur à l'emporte-pièce, 1999-2010). Le silence de l'eau sur l'éponge figeait le mouvement de l'eau, faisant oublier son écoulement. Deuxième élément de l'installation, l'éponge symbolise pour Michel François l'échange et le recyclage des matières : l'éponge est en effet « en échange permanent, ajusté à son entourage2 ». À partir d'une installation finalement très simple, Michel François crée ici une sculpture figée et dynamique, avec le souci de ne jamais rien perdre du mouvement spontané des éléments : « il y a des fuites mais elles sont récupérées, s'il y a un trou, il y a un autre trou, tout fonctionne en vases communicants3 ».
1 Michel François, propos recueillis par Jean-Paul Jacquet, « Mais bon, » in Guillaume Désanges, Michel François, Jean-Paul Jacquet, Michel François. Plans d’évasion. Amsterdam : Roma Publications, 2010, p. 324.
2 Ibid., p. 323.
3 Ibid., p. 325.