Hervé Télémaque

Né en 1937 à Port-au-Prince (Haïti)
DéCédé en 2022

À vingt ans, Hervé Télémaque quitte Haïti pour New York où il s’inscrit à la Art Student’s League. Il y étudie quatre années durant mais l’atmosphère raciste et anti-communiste des États-Unis le pousse à un nouvel exil et il s’installe à Paris en 1961. Ses premières toiles sont encore influencées par l’expressionnisme abstrait qui triomphe alors aux États-Unis. Cependant, rapidement entré en contact avec une jeune communauté artistique parisienne en pleine effervescence, il oriente peu à peu son travail vers la figuration dans une perspective esthético-politique. C’est à cette période qu’il se lie d’amitié avec Bernard Rancillac, Peter Klasen et Jan Voss, artistes qui participent avec lui à Mythologies quotidiennes, l’exposition inaugurale de la Figuration narrative organisée en 1964 au Musée d’art moderne de Paris. À la manière du pop art et des nouveaux réalistes, la Figuration narrative s’approprie les codes et signes quotidiens de la société de consommation moderne. Une attitude critique face aux nouvelles conditions de vie est néanmoins ancrée dans la pratique de ces artistes, reflétant alors un radicalisme politique proche du situationnisme.

Néanmoins, si la série Banania (1964) ou la toile One of the 36000 marines over our Antilles (1965) révèlent l’engagement politique de l’artiste, cette voie lui paraît trop évidente. Aussi s’écarte-t-il d’elle, sans pour autant l’abandonner, pour se tourner vers la réalisation de toiles plus énigmatiques devant lesquelles il suspend parfois des objets comme des chaussures. Par ailleurs, si le parcours artistique d’Hervé Télémaque s’inscrit depuis ses débuts au sein de l’évolution de l’art du XXe siècle, sa démarche esthético-politique reste empreinte, même métaphoriquement, de ses origines haïtiennes. À ce propos, à la suite de son premier retour dans son pays natal en 1973, les références haïtiennes réinvestiront plus directement son œuvre comme dans le collage Les Pantoufles de Braque… (1974) qui évoque Haïti au travers d’animaux exotiques ou d’objet appartenant au rite vaudou.7

Les années 1990 sont les années les plus sombres d’Hervé Télémaque. Elles se caractérisent par une présence du noir plus importante avec une série de collages qui utilisent des vieilles affiches de cinéma, des œuvres au fusain évoquant l’infirmité puis la mort de sa mère ou bien des collages de matières et d’objets recouverts de marc de café. C’est à cette époque que se succèdent, en plus de la double exposition à la Fiac’96 (Galeries Louis Carré & Cie et Marwan Hoss), plusieurs rétrospectives de son œuvre comme à Paris en 1995 (Fondation Electra), à Johannesburg en 1997 (Electrical workshop) ou à Valence (Espagne) en 1998 (IVAM). Non sans prises de positions et dénonciations politiques, la couleur réapparaît dans ses œuvres entre la fin et le début de la décennie. C’est à cette période que le regard d’Hervé Télémaque se tourne particulièrement vers l’actualité politique française et ses liens avec les pays africains qu’il a lui-même visités.

De manière générale, si Télémaque revendique l’engagement politique du
« groupe » de la Figuration narrative, il fait appel, dans sa démarche singulière, à toute une mythologie personnelle héritée de ses origines haïtiennes à laquelle il associe des éléments issus de la société occidentale. En mêlant des objets courants, des silhouettes d’hommes et de femmes, des inscriptions extraites de la presse, de la publicité et plus généralement de l’environnement quotidien, Télémaque réalise de véritables rebus explorant les limites de l’individu et du collectif.

Des expositions rétrospectives de l’œuvre d’Hervé Télémaque ont été présentées en 2015, au Centre Pompidou, Paris, et au Musée Cantini, Marseille.

La collection

Hervé Télémaque

Femme merveille

1963

La collection

Hervé Télémaque

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imprimé le 23 décembre 2024 [03:40] depuis l'adresse IP : 3.137.198.181
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