Sylvie Blocher

Née en 1953 à Morschwiller-le-Bas (France) 
Vit et travaille à Saint-Denis (France)

Si des études d’histoire de l’art et d’arts plastiques ont d’abord conduit Sylvie Blocher à enseigner, elle a très vite pris le parti de se consacrer entièrement à sa pratique artistique. Depuis le début des années 1990, elle développe une œuvre essentiellement vidéographique qui explore les idées de la transmission, du rapport à l’autre, de l’identité et de la responsabilité politique de l’art. Le travail de Sylvie Blocher est représenté dans les collections nationales et internationales (Musée d’art moderne de San Francisco, Centre Pompidou, Mudam à Luxembourg, Muhka à Anvers…). Il fait l’objet de très nombreuses expositions, collectives et personnelles ; parmi ces dernières : What is Missing? en 2010 au Museum of Contemporary Art, Sydney, Australie ; S’inventer autrement en 2014-2015 au Mudam, Luxembourg, puis en 2015-2016 au Centre Régional d’Art Contemporain de Sète et Les mots qui manquent au Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis.
Sylvie Blocher enseigne à l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy.

Travaillant sur le « point de vue » et la mise à distance, Sylvie Blocher réalise avec ses premières œuvres des instruments d’optique, des longues vues qui matérialisent une mise à distance du monde (Paysage abstrait pour la solitude du touriste n° 2, 1988). La mise à distance est aussi organisée vis-à-vis du spectateur : dans l’éloignement physique de l’œuvre où il est tenu par l’interposition de parois de verre, ou par des changements d’échelle qui empêchent toute identification directe (une photographie de deux mètres de haut représentant une bouche dans Le Partage du secret, 1992) ou tout repère spatial attendu (réduction de cheminées d’usine).
Ses œuvres, par le refus de la narration, posent également la question du temps dans son rapport avec la vision : on ne sait pas si ce qui est représenté appartient au passé ou à l’avenir. L’artiste déclare : « Le rôle d’un artiste, c’est d’avoir conscience d’être un passeur, […] être un passeur de l’histoire en général, de l’histoire d’avant et de sa propre histoire ». Son travail peut s’ancrer sur un arrière-plan historique (comme dans Été 93, 1993) dont elle brouille les données réelles. Elle fait de même avec l’histoire de l’art, par exemple avec Déçue la mariée se rhabilla (1991) qui fait référence au Grand Verre ou La Mariée mise à nu par ses célibataires, même (1911-1925) de Marcel Duchamp. Suite à ce manifeste sur la question de la modernité, elle lance le concept ULA (Universal Local Art) qui prône une « décolonisation du moi » et le refus d’un « art d’éternité », un art au pouvoir établi et autoritaire.
Ainsi, depuis 1992, l’artiste a cessé de produire des objets pour se consacrer à la mise en image de la parole et des affects dans la série Living Pictures, des installations vidéo qui engagent des relations complexes entre la technologie, l’autorité et la parole. L’œuvre est structurée autour de questions posées à des personnes inconnues, rencontrées par annonces et filmées frontalement (résidents d’une cité HLM en Allemagne, conducteurs de taxi nord-américains, etc.), avec lesquelles Sylvie Blocher souhaite « partager son autorité d’artiste ». Les questions et les réponses apparaissent en sous-titres dans des films totalement muets. Les relations intersubjectives y varient avec chaque individu, indépendamment du groupe dont il est issu, ce qui renvoie aux dimensions éthiques inhérentes à la représentation de la singularité et de l’identité, et à l’attention portée à l’autre.

Sylvie Blocher crée en 1997, avec l’architecte-urbaniste François Daune, Campement Urbain, un groupe à géométrie variable qui travaille sur les nouvelles urbanités et sur les formes politiques de l’espace public. Ce collectif bénéficie en 2002 du Prix International de la Fondation Evens : Art Community Collaboration. Il reçoit en 2012 avec l’architecte Tim Williams le grand prix d’urbanisme d’Australie, pour le centre de la ville de Penrith, dans le Western Sydney, redessiné à partir de la parole des habitants.

La collection

Sylvie Blocher

Été 93

1993

La collection

Sylvie Blocher

11 p.m.

1982

Éditions

Été 93

1993

FRAC Rhône-Alpes
La collection

Sylvie Blocher

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imprimé le 23 novembre 2024 [10:53] depuis l'adresse IP : 3.133.157.231
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