Laurent Sfar

né en 1969 (france)
VIT ET TRAVAILLE À TOULOUSE (FRANCE)

Laurent Sfar commence à exposer au milieu des années 1990, s'associant régulièrement avec d'autres personnes, dont l'artiste Sandra Foltz (entre 1995 et 2002). Ses travaux plus récents proposent des « lectures spatialisées » sous forme d'installations. Depuis 2015, il collabore avec Jérôme Dupeyrat pour La Bibliothèque grise, projet qui conjugue recherche et expositions, notamment autour des pratiques éditoriales et pédagogiques. Il enseigne à l’École nationale supérieure d'architecture de Normandie.

Usant du détournement, orchestrant de petites catastrophes, jouant de la rencontre et de l'inattendu, Laurent Sfar introduit des perturbations dans le cours du réel pour réagencer de manière ludique nos territoires mentaux et spatiaux. La vidéo Supermâché (2004-2008, avec Jean Guillaud) est en cela caractéristique : on assiste au pique-nique d'une famille de sangliers qui finira par mettre à sac les rayons d'un supermarché. Ce « déjeuner sur l'herbe » d'un genre un peu particulier met en scène l'incursion de la nature dans la civilisation et inversement, rendant visible ce que les Grecs appelaient eschatiai, les marges du territoire de la cité marquant la limite avec le monde sauvage. De nombreuses œuvres de Laurent Sfar procèdent de ce principe de contraste entre des lieux organisés selon des règles différentes. Mais la transgression d'un ordre établi peut aussi prendre la forme du renversement. Dans la vidéo Fontaine (2002-2005) on voit l'artiste debout dans l'angle d'une pièce, dans une situation en apparence stable et confortable. Accroché tête en bas au plafond, mais filmé à l'envers, il semble contraint par une force invisible, qui n'est autre que la gravité ; retournement duchampien appliqué au corps même de l'artiste. Dans Passe-temps [Marché parallèle] (2000, avec Sandra Foltz), des mains « réparent » un billet de banque ; geste miraculeux mais trompeur, puisque la vidéo, montée à l'envers, documente en fait une destruction.

Pour les enfants, le jeu est une chose très sérieuse, qui passe par l'invention de règles arbitraires (« on dirait que »). Ainsi, lorsque Laurent Sfar modifie une table de ping-pong, il oblige les participants à renégocier les règles du jeu (Bousillé, 2000-2004). Ailleurs, le visiteur est soumis à une double contrainte, utiliser un trampoline occupant tout l'espace d'une véranda au risque de se heurter la tête au plafond de verre (Corridor, 2002). On ne s'étonnera pas du fait que l'une des œuvres de la série des Ex-libris soit consacrée à La disparition de Georges Perec, un livre où ne figure pas une seule fois la lettre « e ». La démarche – pour ainsi dire oulipienne – de Laurent Sfar vise à déceler des potentialités inédites au sein du monde si sérieux des adultes.
 

La collection

Laurent Sfar

→ consulter les œuvres
de la collection en ligne
IAC → Laurent Sfar ← Artistes
i-ac.eu/fr/artistes/1785_laurent-sfar
imprimé le 22 décembre 2024 [04:50] depuis l'adresse IP : 3.17.174.204
© Institut d’art contemporain 2024