Focus sur un métier des centres d'art

Joseph Spinelli, régisseur à l'IAC
(Propos recueillis par d.c.a / réseau national des centres d'art contemporain)

Quel est votre parcours ?

J’ai commencé par les Beaux-arts de Mâcon où j'ai fait une rencontre déterminante, celle de Jean-Louis Maubant (1943-2010), directeur du centre d'art Le Nouveau Musée, à Villeurbanne, à l'origine de ce qui allait devenir en 1997 l’Institut d’art contemporain (IAC). J’ai effectué plusieurs stages à "l’Annexe", qui servait de lieu refuge durant les travaux du Nouveau Musée. A l’occasion d’une longue discussion sur mon travail d’étudiant et mes projets, Jean-Louis m'a proposé de m’accueillir dans le cadre de mon objection de conscience au Nouveau Musée. J'ai ensuite poursuivi mes études à l’école d’art de Dijon, et j'ai de nouveau rejoint le Nouveau Musée en 1993. J'ai été amené à travailler à la documentation où j’ai eu l’opportunité d’y feuilleter des ouvrages jusque-là inaccessibles pour moi. Il est difficile d’imaginer ce que cela représentait alors, sans le numérique.

Et après cet épisode en centre d'art ?
Je retourne à Dijon, où je passe le DNSEP en 1996. Puis je participe à quelques expositions collectives et à des expositions personnelles en Allemagne. Je travaille également pour deux sociétés dans l’événementiel, j'enseigne les arts plastiques. J’assiste quelques artistes, notamment chez Agi Schöning. Mais surtout, je fais une rencontre déterminante à cette époque : Pietro Sparta. Je commence à travailler pour sa galerie, d'abord à l'occasion d'une exposition de Pascal Convert pour qui je participe à la production d’une œuvre, puis de façon plus régulière, comme pour la préparation d’un mur pour Sol LeWitt. J’y ai vécu de très beaux moments, avec le regard de Pietro. J’ai eu beaucoup de chance. A cette époque, j’ai croisé énormément de gens passionnés, en petit comité, et fait des rencontres inespérées : Lawrence Weiner, Mario Merz, Claude Berry, Alain Séchas, Bertrand Lavier, Niele Toroni. J'ai pu voir des pièces historiques comme celles de Zorio, Kounellis, qui ont été créées dans cette galerie.

Et vous devenez régisseur...
En 1999, j’apprends que Nathalie Ergino, directrice du FRAC Champagne-Ardenne, recherche un régisseur. Une nouvelle histoire débute. J’installe l’exposition de Mona Hatoum, je produis des pièces pour Uri Tzaig, je retrouve François Curlet que j’avais rencontré à Villeurbanne. En 2001, je reviens à l’IAC au poste de régisseur cette fois, toujours sous la direction de Jean-Louis Maubant. J’accompagne l’exposition "Architecture Radicale" en Espagne : Valencia, Séville, aux Canaries à Las Palmas. Là encore plusieurs rencontres : Jordi Colomer, et Dirk Snauwaert, qui fait partie des gens avec qui j’ai eu le plaisir de travailler sur des expositions qui m’auront marqué. Mais aussi Peter Friedl, Rita Mc Bride, Joe Scalan, Oyvind Falström, Adrian Piper. En 2006, je retrouve Nathalie Ergino, qui est nommée directrice de l'IAC, avec des collaborations marquantes pour moi : Hans Schabus, Saâdane Afif, Laurent Grasso, Michel François, Bojan Sarcevic, Joachim Koester, Manfred Pernice, etc.

Comment concevez-vous votre poste et ses missions au sein du centre d'art ?
Mon parcours, qui n’est pas très académique, est le fruit de rencontres formatrices. Étudiant déjà, je passais beaucoup de temps à aider les autres à concevoir ou réaliser leurs pièces. Les projets les plus excitants qu’il m’ait été donné de réaliser, sont ceux où il a été possible de s’immerger dans le travail des artistes. Certains n’auraient jamais vu le jour sans l’implication d’une équipe, et sans la complicité que j’ai pu avoir avec mes collègues. J’ai cité ci-dessus beaucoup de noms, mais au même titre, mes collaborations de travail ont contribué à me nourrir, et à rester curieux. Dans un centre d’art, il y a tout un quotidien mais il y aussi et surtout des projets qui m’ont poussé à exceller. Je suis très reconnaissant à toutes les personnes que j'ai rencontrées et qui m’ont porté par leur enthousiasme.
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imprimé le 26 avril 2024 [11:58] depuis l'adresse IP : 3.12.71.237
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