Apichatpong Weerasethakul
sarit
2018
De la série des Video Diaries, 2001-2020
Vidéo monocanal SD digitale
Couleur, muet
Durée : 2 min
Sarit, qui appartient à la série des Video Diaries, reprend deux thèmes qui parcourent l’œuvre d'Apichatpong Weerasethakul : les statues, évocations figées des fantômes du passé, et le monde animal. Ici un bas-relief représentant le maréchal Sarit Thanarat (qui a mis en place en Thaïlande un régime autoritaire et anti-communiste pendant la guerre froide) est parcouru par des fourmis affairées. Les insectes sont omniprésents dans l’œuvre d'Apichatpong, que ce soit en arrière-plan sonore ou de manière plus insistante quand ils jouent les éléments perturbateurs, comme dans la vidéo Fiction (2018). En superposant les plans de l'humain et de l'animal, du microscopique et du monumental, du mouvement et de l'immobilité, Apichatpong livre une critique subtile et teintée d'humour sur la vanité et l'ambition des pouvoirs autoritaires.
Avec cette attention portée au détail, à l'infime, le cinéaste reconduit la rêverie de l'enfant qui s'absorbe à la contemplation de ces vies minuscules. Il s'extrait ainsi du cadre et de l'échelle humaine, élargissant son plan de conscience à un niveau cosmique. Les fourmis, comme les termites et les abeilles, sont les premières créatures à élaborer des sociétés, que Maurice Maeterlinck associait à des organisations communistes. Dans la vidéo, elles incarnent une vie secrète liée par des communications souterraines, un modèle de résistance comme flux d'énergie constant, insaisissable.