Apichatpong Weerasethakul
Invisibility
2016
Vidéo 2 canaux synchronisés
Noir et blanc, muet
Durée : 12 min 29 s
L'installation vidéo Invisibility se présente en deux projections simultanées entrecoupées d'intertitres. Cette structure double était déjà présente dans la trilogie des « films-miroirs » Blissfully Yours, Tropical Malady et Syndroms and a Century, intégrée dans la structure du récit. Dans le théâtre d'ombres d'Invisibility apparaissent les silhouettes de deux personnages, se mêlant à celles de la végétation et du mobilier d'hôpital. Apichatpong Weerasethakul projette des réminiscences de ses impressions d'enfant ayant grandi dans un environnement médical. Lanterne magique ou moderne caverne platonicienne, Invisibility est aussi un hommage au dispositif cinématographique.
« Je me souviens d'une tempête de lumière / qui poussa les arbres / et les ombres à se révolter. » peut-on lire sur un carton. À travers la fable visuelle apparaît en creux un discours politique, toujours présent dans l’œuvre d'Apichatpong Weerasethakul, quoique dissimulé. Invisibility définit ce paradigme du camouflage, comme une méthode pour continuer à créer dans un pays marqué par l'instabilité politique et encore soumis à la censure d'état. Le cinéaste a pris le parti de ne pas s'opposer frontalement, mais distille dans ses œuvres les indices d'une résistance discrète, quoique obstinée. « Nous alternons des cycles de rêves et de coups d'état1 » dit-il à propos de son pays. En mettant en scène des états oniriques, Apichatpong laisse apparaître les angoisses et les espoirs d'une génération en voie de résilience.
1 Entretien avec Apichatpong Weerasethakul, livret du DVD Cemetery of Splendour, Pyramide vidéo, 2015.