Dan Graham
Project for Slide Projector
1966-2005
Projection d'un diaporama
80 diapositives couleurs, socle, projecteur diapos, câble
Dimensions variables
Project for Slide Projector est emblématique des différentes préoccupations de Dan Graham, qu’il fait interagir dans l’œuvre : une conception minimaliste, le travail de sculpture et les conventions de la représentation photographique. Dan Graham a écrit en 1969 trois versions d’un texte théorique qui présente ce travail expérimental. «Je voulais faire les mêmes choses que j’avais vues dans le Pop art et l’art minimal, mais dans une situation plane, en photographe. Je voulais faire une nouvelle version des travaux de Larry Bell ou de Donald Judd sous la forme d’une exposition de diapositives » (Dan Graham, End Movements, 1969). Project for Slide Projector est constitué d’un projecteur à diapositives comportant quatre-vingt images issues du reflet de l’artiste se photographiant sur une boîte transparente faite de plaques de verre. À chaque prise de vue, Dan Graham choisit un côté différent du cube de verre, et augmente les couches de verre (jusqu’au nombre de cinq), c’est-à-dire les boîtes emboîtées. Puis les vingt images obtenues sont dupliquées quatre fois et insérées dans le projecteur dans un sens alterné (même sens d’images pour la première série et pour la troisième, sens inversé pour la seconde et la quatrième). Le propre reflet de l’artiste est paradoxalement d’autant plus net que l’épaisseur des verres est importante, et que la sculpture redouble son rôle réfléchissant.
Dan Graham travaille ici sur des effets complexes de réverbération par le mouvement naturel de la lumière et crée une ambiguïté spatiale quant au champ de vision. L’œuvre peut aussi être appréhendée comme l’image de l’expérience que fait le spectateur en regardant une sculpture à travers sa reproduction photographique. «L’identité de la caméra, par rapport à la perception du spectateur, peut faire partie de l’exécutant, une partie de lui et pas une autre. La caméra peut aussi ne pas faire partie de lui (c’est alors un objet mécanique séparé). On peut lire l’image sur deux modes, soit interne, soit externe à l’exécutant. On peut même la voir comme à la fois interne et externe à l’exécutant, simultanément sujet et objet » (Dan Graham, Ma position. Écrits sur mes œuvres. Nouveau Musée / Institut, Presses du Réel, 1992).